- fourmilière
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• 1564; de fourmi, altér. de fourmillère, fourmillière, réfect. de l'a. fr. fourmïere, formïere (fin XIIe), d'apr. fourmiller1 ♦ Habitation commune, souvent à plusieurs étages, pourvue de galeries, de loges, etc., où vivent les fourmis. Ils « pullulent et grouillent [...] comme des fourmis dont on vient de renverser la fourmilière » ( Gautier). Loc. fig. Donner un coup de pied dans la fourmilière : déclencher volontairement une agitation inquiète.2 ♦ Fig. Lieu où vit et s'agite une multitude de personnes. ⇒ ruche. Cette agglomération est une véritable fourmilière.fourmilièren. f.d1./d Lieu où vit une société de fourmis; ensemble des fourmis d'une société.d2./d Fig. Lieu où s'agite une grande foule. Le marché du port est une fourmilière.⇒FOURMILIÈRE, subst. fém.A.— Nid à étages et à galeries, construit et habité par une colonie de fourmis. Coup de pied dans la fourmilière, agitation de fourmilière, éventrer une fourmilière. Sa chaussure heurte une fourmilière haute de deux pieds, détruit l'habitation des fourmis, sème au loin les fourmis, leurs œufs (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 501). De cette cendre granulée dont les fourmilières sont faites, que les insectes élèvent en dôme sur leurs habitats en les approfondissant (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 236).— P. méton. Colonie de fourmis vivant dans une fourmilière. Le village vibrait comme une fourmilière en bataille (GENEVOIX, Mains vides, 1928, p. 203).B.— Au fig. Lieu où s'agitent, s'affairent un grand nombre de personnes; par méton. grande foule. Fourmilière humaine. C'est une fourmilière [Damas]. On se livre là en public à mille métiers, à mille soins (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1913-14, p. 343). Et le grondement qui monte de la grande fourmilière : Paris en 1900 (ROLLAND, Âme ench., t. 2, 1925, p. 1) :• Le quartier où se fabriquaient, à cette heure, la plupart des journaux du lendemain, grouillait de vie. Jacques se faufila dans cette fourmilière. Les bars, les cafés, éclairés à giorno, étaient pleins.MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 180.♦ Une fourmilière de. Un très grand nombre de (personnes ou de choses, sans idée d'agitation ou de mouvement, vues de (très) loin ou paraissant petites). Une moisissure est une pléiade de fleurs; une nébuleuse est une fourmilière d'étoiles (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 81). Jusqu'aux faubourgs, et tout autour de l'horizon, une fourmilière de becs de gaz et de fenêtres éclairées, comme une poussière qui emplissait les lointains de la ville (ZOLA, Page amour, 1878, p. 973).REM. Fremilloire, subst. fém. Synon. région. (nord de la Loire). J'ai des « fremis » au bout des doigts, toute une « fremilloire » (COLETTE, Cl. Paris, 1901, p. 245).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. De 1694-1740, s.v. fourmillère. Étymol. et Hist. Ca 1195 formilliere « habitation construite par les fourmis » (AMBROISE, Guerre sainte, 3273 ds T.-L.), forme encore consignée ds Ac. 1740 (fourmilliere); 1587 fig. « multitude de personne » une formiliere de juges (LANOUE, 87 ds LITTRÉ); d'où 1762 « lieu où réside une multitude de personnes » (J.-J. ROUSS., Em., 1, ibid.). Altération de l'a. fr. formiiere < formicaria « habitation construite par les fourmis », ca 1180 (M. DE FRANCE, Fables, 39, 2 ds T.-L.), forme encore bien attestée au XVIe s. (v. HUG.); la prononc avec [j] jugée vulg., la lang. sav. a refait fourmillière (
) orth. et prononc. des grammairiens des XVIe et XVIIe s.; parallèlement, la petite bourgeoisie a corrigé son [j] en [lj]; c'est cette dernière prononc. qui a été adoptée, sanctionnée par l'orth. V. FOUCHÉ, p. 773, 774. Fréq. abs. littér. :254. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 229, b) 492; XXe s. : a) 431, b) 361.
fourmilière [fuʀmiljɛʀ] n. f.ÉTYM. Déb. XVIe; de fourmi, altér. de fourmillère, fourmillière, réfection de l'anc. franç. fourmïere, formïere (v. 1180), d'après fourmiller.❖1 Habitation commune, souvent à plusieurs étages, pourvue de galeries, de loges, etc., où vivent les fourmis (→ Fourmilier, cit.). || Fourmilière surmontée d'un dôme de brindilles, de matières végétales. || Fourmilière établie dans une fente de roches, une souche. || Le nid des termites (⇒ Termitière) est comparable à la fourmilière. || Renverser, écraser une fourmilière.1 (…) le nombre infini des gens qui pullulent et grouillent en ces rues, places et ponts comme des fourmis dont on vient de renverser la fourmilière (…)Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XI.♦ (1837). Par métonymie. Les fourmis qui vivent dans le même nid. || « La fourmilière fut bientôt en mouvement » (Académie).2 (1762). Fig. Lieu où vit et s'agite une multitude de personnes actives. ⇒ Fourmillement, ruche. || Cette agglomération, cette ville est une véritable fourmilière. ⇒ Surpeuplé; → Concours, cit. 3; faubourg, cit. 2.2 Les hommes ne sont pas faits pour être entassés en fourmilières.Rousseau, Émile, I.3 Nous nous suivons, Georges et moi, à travers les méandres fantasmagoriques d'une grande fourmilière orientale.Loti, Aziyadé, III, XXIII.♦ Une fourmilière de : une grande multitude de…4 (…) je me crus perdu dans une fourmilière de pygmées.Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, II.♦ Société nombreuse, semblable à celle que forment les fourmis à l'intérieur de leur habitation. — REM. Cet emploi, souvent péjoratif, désigne en général une société mécanisée, d'où toute initiative, toute vie individuelle est bannie (→ Éclaircir, cit. 15).5 C'était une fourmilière heureuse, une famille dont tous les membres se congratulent, une espèce de victoire, une première revanche.M. Barrès, la Colline inspirée, XVII.3 Vétér. Vide entre la partie antérieure du sabot et la chair, qui s'en est décollée (par fourbure).
Encyclopédie Universelle. 2012.